La purgation par l’écriture

Admiratrice de Marguerite Duras, Virginia Woolf ou encore Anaïs Nin, elle cherche à atteindre une écriture dénuée de fioritures, forte et vraie, puissante et juste. Quand les colombes disparurent, son dernier roman, ne convainc qu’à moitié, justement car il s’éloigne de cette brutalité sèche et poignante, qu’on trouve par moments dans Baby Jane, mais surtout dans Les Vaches de Staline et Purge.

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Un golem sans relief

Ouvrage lu dans le cadre du « Bal à la page », organisé par « Les Livreurs » le dimanche 14 février 2016.

Lire pour la première fois un auteur dont on a entendu dire beaucoup de bien est toujours accompagné d’une certaine appréhension. Et s’il n’était pas un si bon écrivain ? Malheureusement, le dernier roman de Pierre Assouline déçoit beaucoup son premier lecteur. Erreur de parcours ? Peut-être. Mais son Golem s’avère prévisible et conventionnel.

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Je voudrais te lire que je t’aime

« Le verbe aimer est difficile à conjuguer : son passé n’est pas simple, son présent n’est qu’indicatif, et son futur est toujours conditionnel. » Jean Cocteau
Livres en tête Affiche Bal 2016

Le dimanche 14 février 2016, la journée dédiée aux amoureux pourra être fêtée au rythme de l’orchestre MAM « Human Swing Box », et en écoutant des extraits d’œuvres littéraires. L’association « Les Livreurs », après un festival « Livres en tête » particulièrement réussi fin 2015, propose aux passionnés de littérature et de danse un bal entrecoupé de lectures. Quoi de plus beau à partager que l’amour ? Quel art l’a plus merveilleusement exalté que la littérature ? Cruel et doux sentiment, les écrivains ont versé quantité d’encre en tentant de le saisir. Pierre Assouline, Jean-Marie Laclavetine, Gaëlle Josse, Denis Lachaut et Éric Naulleau auront le plaisir d’écouter des extraits de leurs derniers ouvrages, traitant d’amants passionnels, scabreux, défaitistes ou romantiques, dont les aventures seront passionnément lues par Les Livreurs. Ils dédicaceront leurs ouvrages aux participants du bal, qui ne devront pas oublier de s’abandonner dans les bras de l’aimé sur la piste de danse. Une Saint-Valentin au « Bal à la page » qui promet d’être un joli rendez-vous d’hiver.

INFORMATIONS :
Lieu : Auditorium Saint-Germain 4, rue Félibien, Paris 6e
Date et heure : 16h00 le 14 février 2016
Métro : Odéon ou Mabillon
Tarifs : tarif plein 13€, tarifs -26 ans et chômeurs 8€, tarif -18 ans 5€.
Pour plus d’informations et pour les réservations, visitez le site suivant : www.leslivreurs.com

« Je suis très maladroite »

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Difficile d’ouvrir tout de suite le livre. On observe la couverture, l’enfant tournée vers la lumière, mais prisonnière dans un coin, comme résolument happée par les ténèbres. Elle se fond presque avec son ombre, cette frêle silhouette qui ne connaîtra pas la chaleur du lieu vers lequel son regard est tourné. Avant de se plonger dans le roman, on sait déjà que l’enfant a été assassinée.

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A la recherche du cœur perdu

Critique écrite dans le cadre du Festival « Livres en Tête », qui se déroulera cette année du 25 au 28 novembre 2015.  CVT_Le-coeur-du-pelican_1235

Cécile Coulon a déjà publié plusieurs ouvrages, dont Le roi n’a pas sommeil, prix Mauvais Genres France Culturel / Le Nouvel Observateur en 2012. Le Cœur du pélican n’est pas son coup d’essai, et elle s’attaque à un sujet difficile, celui de l’homme sacrifié à ses fans, du sportif érigé en icône avant sa chute, et oublié ensuite. Ses références sont lourdes : le héros porte le nom d’un saint, et le titre rappelle le poème de Musset « Allégorie du Pélican ». L’auteure elle-même cite, dans une interview pour France Culture, les tableaux de Moyen Âge où un pélican s’arrache le cœur pour nourrir ses petits.

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L’Artiste et le psychanalyste

Critique écrite dans le cadre du Festival « Livres en Tête », qui se déroulera cette année du 25 au 28 novembre 2015.
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Avec Rudik, l’autre Noureev, Philippe Grimbert signe un livre sobre et intriguant, où il invente la relation particulière qui se crée entre le grand danseur russe et son fictif psychanalyste, Tristan Feller. Ce dernier, qui en de nombreux points rappelle le romancier lui-même, ne peut résister à la tentation d’entrer dans le monde fascinant de l’artiste capricieux. Il déroge plus d’une fois aux règles qu’un analyste doit pourtant respecter pour mener à bien sa mission : aider son patient. Noureev utilise souvent un intermédiaire pour gérer ses rendez-vous, il se montre colérique quand il s’agit de payer, il insiste pour que Tristan vienne le voir danser, et l’emmène même en tournée. Le docteur Feller résiste bien mollement. Il ne parvient pas à voir l’homme en face de lui, il est émerveillé par la légende.

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Entretien avec Philippe Grimbert

Dans le cadre du Festival « Livres en Tête », qui se déroulera cette année du 25 au 28 novembre 2015, Philippe Grimbert a eu la gentillesse de répondre à quelques questions. Révélé au grand public après la publication du roman autobiographique Un secret, l’écrivain est d’abord psychanalyste. Dans son dernier ouvrage, Rudik, l’autre Noureev, il invente une relation entre le grand danseur russe et Tristan Feller, un fictif psychanalyste parisien qui rappelle souvent l’auteur lui-même. Sûr de lui, heureux de sa clientèle huppée et « artistique », Tristan Feller est désarmé face à Noureev. Pris de fascination pour ce personnage hors norme, il oublie une à une toutes les règles freudiennes qui permettent d’établir une respectueuse distance entre patient et psychanalyste. Se crée alors une relation éphémère et étonnante, source de questionnements sur lesquels Philippe Grimbert a jeté un peu de lumière. 

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Réflexions sur les Pensées

L’homme est un miracle sans intérêt. Jean Rostand.

Rembrandt IRembrandt, Le philosophe

Jean Rostand, fils d’Edmond, auteur du célèbre Cyrano de Bergerac, publie Pensées d’un biologiste en 1954. Presque dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, la population avance en fermant un peu les yeux sur l’horreur des camps de concentration, sur l’horreur de la bombe atomique, tremblante à l’idée que ce nouveau conflit qui s’installe et divise le monde en deux clans puisse mener à de nouveaux carnages – ce qui se passe en effet. Les écrivains se plongent dans l’absurde, car seul l’absurde semble pouvoir dire l’impensable, l’innommable ; Théodor Adorno le dit bien, « après Auschwitz, écrire de la poésie est barbare ». La religion paraît avoir échoué, Nietzsche est passé en déclarant « Dieu est mort », Marx a affirmé que « la religion est l’opium du peuple » ; et après l’utilisation du Zyklon B et de la bombe atomique, la science cesse d’être une source d’espoir. L’humanisme peut difficilement défendre les récentes actions humaines. Le néant ouvre grand sa bouche, et l’Être Humain se jette dedans.

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La guerre non-déclarée contre les femmes

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Susan Faludi est une journaliste américaine, connue pour avoir gagné le prix Pulitzer en 1991 en récompense de son travail de reporter au Wall Street Journal. Backlash : the Undeclared War Against Women a été publié en 1993. On le trouve en France aux « Editions des Femmes » sous le titre Backlash : la guerre froide contre les femmes. Succès aux Etats-Unis, l’essai s’intéresse plutôt à la situation des femmes en Amérique de Nord et en Angleterre. Pourtant, plus de vingt ans après sa publication, ce livre reste d’actualité, et certaines analyses pourraient aisément s’appliquer à la France.

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Ma chienne, ce héros

41bTYVqzOQL._SX282_BO1,204,203,200_Ma chienne Tulipe est un récit pittoresque sur la relation entre l’écrivain anglais J. R. Ackerley et son berger allemand, une femelle au caractère bien trempé. Il ne s’agit guère ici de relater l’incroyable destin d’un animal hors norme, mais plutôt de revenir sur la singularité d’un lien fort entre un homme et une bête tout aussi banale que son maître (si l’on peut ainsi décrire ce grand auteur méconnu qu’est J. R. Ackerley). L’écrivain s’intéresse d’ailleurs particulièrement à la vie sexuelle de sa chienne, et à ses excréments. En effet, l’homme anglais trouve détestable tous les propriétaires de chien qui font de leurs animaux des peluches ou des serviteurs. Il se moque joyeusement de la hauteur de certains, du dégoût qu’ils ne cachent pas lorsque deux canidés se reniflent le derrière. L’écrivain trouve tout cela assez ridicule, et finalement terriblement cocasse. Il met donc les pieds dans le plat.

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