Le temps toujours te pousse, tu comptes les secondes alors que les minutes déjà s’empilent, grains de sable tapissant le fond du sablier. Tu imagines ce que tu feras demain, tandis qu’hier s’éloigne d’un mois. Tu voudrais immortaliser un souvenir solaire, mais l’ombre d’un tracas le grignote, et le deuil dont tu aimerais t’envelopper ne résiste pas aux rayons du printemps.
Des ombres crayonnées, esquissées sur un cahier, aux mots mal équarris, inscrits sur des pages jaunies, tu essaies de capter un quotidien fuyant, dont tu n’accordes plus la musique sur ton clavier.
Ton stylo sèche, enfermé dans une boîte ; l’encre attend quelques larmes ; l’inspiration pétille d’étincelles nouvelles. Vaine démarche, essentielle tout de même.
Dissipe les brumes paralysantes, autorise-toi de n’être que l’écho de tous ceux avant toi, et des millions suivants, tous prisonniers du temps.
© Béryl Huba-Mylek