Sans issue

Il étouffe, il gratte le mur, il veut crier. Pas un son ne sort. S’il hurle enfin, le silence bientôt revient. Il caresse ses joues. Il devient dur, frotte plus fort, violemment. Son visage prend la teinte rouge de la douleur.

Sans issue.

Il rêve d’avenir. Des souvenirs du futur le hantent. Il se voit heureux, célèbre et reconnu. Aimé et adulé. Pourtant, impossible de savoir ce qu’il a accompli pour être ainsi acclamé.

Sans issue.

Lorsqu’il fait le tour de la petite salle, il se concentre pour imaginer une porte. Il ferme les paupières. Ses doigts, suspendus dans le vide, espèrent se refermer sur une poignée. Il voudrait, simplement, sortir.

Sans issue.

Ses rêves flamboyants, éclairés de feux qui jamais ne s’éteignent, le peignent en triomphant héros de batailles, dans lesquelles pourtant il se jette inquiet et tremblant. L’espoir le réchauffe, le maintient en vie.

Sans issue.

Il gratte la paroi de sa cellule sans fenêtre, sans ouverture, sans lampe, sans aération. Sans rien. Il ignore comment il est retourné là, enfermé, complètement, ici, qu’il n’aime pas.

Sans issue.

La chambre est carrée, petite, étouffante et mathématiques. Prisonnier d’une intelligence qu’il ne peut maîtriser, il se heurte à des murs qu’il ne peut éviter.

Sans issue.

Un jour, il comprendra. Un jour, il saura. Pourquoi son destin le mène dans cette pièce dans laquelle il devient fou. Pourquoi les autres lui paraissent libres. Pourquoi, lui, en aveugle, se plonge dans des ténèbres artificielles.

Sans issue.

Il résiste. Il résistera aussi longtemps qu’il le pourra. Il se battra, tant qu’il le souhaite. Jusqu’au bout. Il sait, au fond de lui, qu’il y a la mort tout au bout.

Sans issue.

© Béryl Huba-Mylek

 

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