Les chansons populaires s’enregistrent dans les salles vides de notre esprit ; lorsque le silence tombe dans la tortueuse demeure de nos cervelles, elles se réveillent, de leurs paroles entêtantes mais réconfortantes emplissent notre néant des souvenirs qui s’animent, tirés de leurs lits tranquilles.
Dans une conversation, une formule appelle l’écho d’une voix que nous pensions assassinée, soudain elle bourdonne à nos oreilles et convoque les spectres d’un passé redevenu présent l’espace d’un instant.
Au bout des doigts une caresse d’autrefois, le picotement d’hier, une sensation arpente le chemin de nos veines pour remonter sur notre bras, se repose dans le creux du coude, s’assoit sur notre épaule avant de saisir notre conscience déboussolée.
Dans l’air, le parfum énigmatique d’une devinette à résoudre, le récit oublié de journées que la gomme de Chronos n’a pas tout à fait effacées et que le souffle de maintenant veut nous raconter.
La lumière décline de l’aurore au crépuscule, elle danse inlassablement autour du même cadran, filtre à travers les caprices du vent, des nuages et de la pluie puis frappe nos yeux et imprime sur notre rétine les images ressuscitées d’une antique décennie.
Chaque minute, sur un fil tendu, nous chancelons sur la trace d’un temps déréglé, inventé par nos folles pensées pour nous préserver du sentiment bouleversant d’exister sans jamais avancer.
© Béryl Huba-Mylek
J’adore ce texte, il est plus simple, tu n’as pas peur d’utiliser des mots plus populaires, mais tu les fais vibrer d’une telle force. Tu m’as emportée !!
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