Mon cher Alexandre

Mon cher Alexandre, ce soir, pour la sixième fois, je t’ai retrouvé.

Je ne t’avais pas quitté bien longtemps, il me semble qu’hier encore tu rendais hommage à Barbara, et je regrettais de ne point rentrer avec l’une des roses que tu distribuais.

Et pourtant, lorsque je t’abandonne derrière moi, aucune épine dans le cœur ne se fait sentir, tu me laisses plutôt avec le sourire.

Un ami violoncelliste t’accompagnait, mais c’est sur toi que je me suis concentrée. Jeune homme, encore et toujours, sautillant pianiste à la silhouette juvénile, tes élans transportent et animent.

Tout ton corps tressaute, tes longs bras fins virevoltent, pourtant quelle maîtrise dans ce lâcher-prise, comme tes mains habiles claquent et caressent ton grand instrument.

Si fragile ami dont la forte générosité parvient à illuminer la soirée, je m’émerveille de ta gestuelle, mon rire doux et tendre suit ton corps en accord, ta rythmique et technique spontanéité.

Enfant, ta tête dodeline, de plus en plus vite, tu tournes vers ton compagnon de concert ton fin profil scellant ainsi votre complicité sur des partitions ressuscitées.

Qu’ils toussent donc en dissonance, tous ces spectateurs, tu apaises mes peurs, tu forces mes larmes, celles des joies si pleines mêlées de « je t’aime ».

Je suis ivre et libre, même loin de mes livres, lorsque tu m’ensorcelles sans un violoncelle, comme une bagatelle.

Pianiste, belle âme, sensible altruiste, à bientôt et bonne nuit.

Et merci encore, mon cher Alexandre, et puis n’oublie pas, à la septième fois.

© Béryl Huba-Mylek

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