Le chemin d’Anne

Ma très chère Anne,

Ainsi commençais-tu tes lettres pour Kitty, la seule véritable amie que tu aies jamais eue. En lui confiant tes espoirs et tes peines, tu ignorais que tu deviendrais la compagne privilégiée des générations futures en quête d’amitié. Tu pressentais l’importance de ce journal grâce auquel tu as fait de ta clandestine prison un lieu d’évasion. Poétesse arrachée au monde, ton intimité nous a été dévoilée et ton talent ne peut être nié. Ta tragique destinée horrifie. Les feuilles griffonnées de ton écriture intimident.

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Les boîtes

Avoir été cataloguée « bizarre ». Et après tout, s’il faut rentrer dans une boîte, pourquoi pas celle-là. Mais dans cette catégorie, découvrir trop de personnes qui font claquer le terme comme un étendard, se pensent mieux car différents et ne cessent de souligner l’étonnement des autres à leur égard, avec une vanité cachée insupportable. « Étrange », « spéciale », « bizarre », même utilisés par les autres de façon méliorative, me laissent un goût de triste mélancolie. Ne pas appartenir aux autres n’est pas si beau que cela semble l’être, romancé dans la fiction.

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Love is not all

Love is not all: it is not meat nor drink
Nor slumber nor a roof against the rain;
Nor yet a floating spar to men that sink
And rise and sink and rise and sink again;
Love can not fill the thickened lung with breath,
Nor clean the blood, nor set the fractured bone;
Yet many a man is making friends with death
Even as I speak, for lack of love alone.

It well may be that in a difficult hour,
Pinned down by pain and moaning for release,
Or nagged by want past resolution’s power,
I might be driven to sell your love for peace,
Or trade the memory of this night for food.
It well may be. I do not think I would.

Edna St. Vincent Millay