En hiver 

Les flocons de neige étouffent les sons. Ville silencieuse, le crime est parfait : le sournois paysage blanc noie la noirceur et la laideur. Conte enchanté pour cacher le cauchemar assuré.

Un calme plat, similaire à celui d’une torride journée de juillet. On ne se meurt pas à petites doses ni en hiver ni en été.

Le froid glacial devrait revigorer mais transforme l’air ambiant en poignards acérés. Une inspiration et les poumons deviennent banquise. Le corps brûle. L’eau et le feu se disputent le trône. Impossible amitié.

Mes doigts si rouges tremblent. Je vais tomber. Joues rouges, oreilles rouges, nez rouge. Plaisir rouge.

Un pas sur le tapis des bonshommes glacés. Place aux festivités. Cela crisse et me rassure.

Le ciel gris tombe, si bas, je peux m’y pendre. Je crois.

Les cristaux meurent sur mon visage, deviennent élixir sur mes lèvres. Naissance d’un rire d’une surprenante innocence. L’enfant s’éveille et s’émerveille sous le regard surpris des passants.

Dans un an tu seras grande. Embrasse la blancheur et la lumière électrique des lampadaires avant de ne plus savoir comment faire.

Sale affaire que de vieillir sans insouciance. Sois toujours rayonnante lorsque les nuages se décomposent en duveteux cotons gelés. Promets de chérir à jamais le réveil douloureux de l’hiver, la claque du temps, avant de disparaître tout à fait.

Recouverte de neige, qui sait, et entourée de ces peluches géantes et blanches que la petite aiguille va rattraper. Bientôt en carte postale seulement ils régneront sur la banquise devenue liquide.

Alors tu auras tes souvenirs et, espérons, ton innocent rire.

© Texte de Béryl Huba-Mylek

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