Avec Rudik, l’autre Noureev, Philippe Grimbert signe un livre sobre et intriguant, où il invente la relation particulière qui se crée entre le grand danseur russe et son fictif psychanalyste, Tristan Feller. Ce dernier, qui en de nombreux points rappelle le romancier lui-même, ne peut résister à la tentation d’entrer dans le monde fascinant de l’artiste capricieux. Il déroge plus d’une fois aux règles qu’un analyste doit pourtant respecter pour mener à bien sa mission : aider son patient. Noureev utilise souvent un intermédiaire pour gérer ses rendez-vous, il se montre colérique quand il s’agit de payer, il insiste pour que Tristan vienne le voir danser, et l’emmène même en tournée. Le docteur Feller résiste bien mollement. Il ne parvient pas à voir l’homme en face de lui, il est émerveillé par la légende.
Mois: octobre 2015
Mademoiselle Hokusai
Le film de Keiichi Hara, sur la fille du grand artiste japonais Hokusai, s’ouvre sur une surprenante musique rock ‘n’ roll. Dans l’interview qu’il a donné aux Cahiers du Cinéma (n°714, septembre 2015), il justifie ce choix en assurant que les artistes sont des marginaux, que leur mode de vie hors norme et scandaleux rappelle les frasques des musiciens de rock. Il explique également que Hinako Sugiura, la dessinatrice du manga dont il s’est inspiré pour son film, écoutait ce style de musique quand elle travaillait. Le ton est donc donné, Miss Hokusai est une rebelle, un de ces esprits libres qui n’a pas suivi le conformisme de son époque. Jeune femme dotée d’un immense talent, O-Ei a vécu avec son illustre père, dessinant des dragons et des estampes érotiques avec une déconcertante facilité.