L’homme est un miracle sans intérêt. Jean Rostand.
Jean Rostand, fils d’Edmond, auteur du célèbre Cyrano de Bergerac, publie Pensées d’un biologiste en 1954. Presque dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, la population avance en fermant un peu les yeux sur l’horreur des camps de concentration, sur l’horreur de la bombe atomique, tremblante à l’idée que ce nouveau conflit qui s’installe et divise le monde en deux clans puisse mener à de nouveaux carnages – ce qui se passe en effet. Les écrivains se plongent dans l’absurde, car seul l’absurde semble pouvoir dire l’impensable, l’innommable ; Théodor Adorno le dit bien, « après Auschwitz, écrire de la poésie est barbare ». La religion paraît avoir échoué, Nietzsche est passé en déclarant « Dieu est mort », Marx a affirmé que « la religion est l’opium du peuple » ; et après l’utilisation du Zyklon B et de la bombe atomique, la science cesse d’être une source d’espoir. L’humanisme peut difficilement défendre les récentes actions humaines. Le néant ouvre grand sa bouche, et l’Être Humain se jette dedans.