La tragédie épurée

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La compagnie On Stage – New Open Space, créée en 1989, a pour but de produire des pièces en langue anglaise pour un public français. Fondée par l’acteur Nick Calderbank, elle s’est associée à la compagnie Lynx, dirigée par Joanna Bartholomew, pour présenter au théâtre de Nesle une très belle version de la célèbre tragédie King Lear. Rona Waddington a mis en scène cette oeuvre complexe, riche et foisonnante, dans laquelle on retrouve tout le génie du grand Shakespeare.

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Blanche Neige, un ballet inspiré

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Angelin Preljocaj a voulu, de son propre aveu, créer un « ballet romantique contemporain ». Il choisit d’adapter le conte Blanche Neige, et livre un ballet sublimé par la musique de Gustav Mahler. Les moments de grâce sont pluriels, mais avant de les évoquer, sans doute faut-il souligner les éléments négatifs de cette oeuvre inégale. Si Jean Paul Gaultier a sans doute du talent, ce n’est pas celui d’être sobre. Les costumes, souvent décrits comme somptueux dans les critiques du spectacle, sont surtout d’un mauvais goût surprenant, voire même d’une vulgarité peu commune. Ainsi, la méchante reine est-elle affublée d’une création qui rappelle davantage une souveraine sadomasochiste qu’une sorcière de conte de fées. Les talons, la cape, la coiffe, tout cela empêche la danseuse de se mouvoir, et ses apparitions s’accompagnent bientôt des soupirs du public ; elle se trémousse plus qu’elle ne danse, elle fait de la figuration bien plus qu’elle n’incarne le monstre. Ses fidèles serviteurs apparaissent vêtus en félins, et si leurs costumes leur permettent au moins une grande liberté de mouvements, ils n’en restent pas moins ridicules lorsqu’ils se roulent au pied de leur maîtresse. Ce spectacle soi-disant « familial » a quand même des faux airs de cabaret érotique.

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L’éclatante victoire de l’Art

Il vaut mieux avoir vu le film pour lire cet article.
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Les djihadistes évoluent, dans l’ombre, depuis une bonne quinzaine d’années. Pourtant, jamais l’actualité n’avait ainsi été prise en otage par leurs horreurs. De la création de l’Etat islamique aux victoires sanglantes de Boko Haram, sans oublier les attentats répétés qui font trembler la planète, la monstruosité de leurs actes hante les médias, la violence de leurs abominations ternit l’idée qu’on se fait de l’humanité, et leurs visages deviennent l’incarnation du Mal. Les articles sociologiques ou politiques à leur sujet s’accumulent, détaillant leurs pratiques barbares, leur irrespect de la vie, leur apparente jouissance puisée dans la souffrance de l’autre, dans la torture, le viol et le meurtre de leurs semblables. Nul doute que cette publicité les ravit, eux qui filment l’insoutenable, cherchent à tout prix à s’illustrer en « Une » des journaux, à devenir notre pire cauchemar, le monstre tapit dans l’obscurité, prêt à nous dévorer. Un monstre tout puissant, invincible, car le propre du monstre c’est de ne pas être un homme.

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